Article du Ouest-France (17/05/2017)

Depuis l'incendie, la Paimpolaise Conserverie reprend son élan

Deux ans après l’incendie, l’entreprise aux marques Breizh cooking et l’Atelier du cuisinier a repris sa trajectoire ascendante. Même si le dirigeant de la Paimpolaise Conserverie, située à Paimpol dans les Côtes d'Armor, confie avoir connu moralement " un coup de moins bien ".

D'allure pimpante avec sa façade noire-magenta et son logo en forme d'oeil de poisson, la Paimpolaise conserverie, située à Paimpol dans les Côtes d'Armor, fait oublier qu'elle est comme le phénix. L'entreprise a su renaître de ses cendres. Au propre comme au figuré.

Il y a deux ans, le 4 mai 2015 vers 3 h du matin, un violent incendie avait ravagé le local de production (650 m2) et de conditionnement. En pleine expansion au moment du sinistre - l'entreprise produisait jusqu'à 600 000 verrines tartinables pour l'apéro - la PME était touchée mais pas coulée.

Elle a trouvé l'énergie de rebondir dans les décombres. De se remettre en route en moins d'un an. Un tour de force et une légitime fierté que partagent le personnel et son dirigeant, Yann Trébaol. « Cela fait deux ans, mais globalement on s'en est bien sorti, confie-t-il. Notre force tient dans la qualité de l'équipe. Ici, les gens vivent bien et le rendent bien à l'entreprise. Ils s'investissent et trouvent la récompense de leur travail. Donner - recevoir, c'est la philosophie de l'entreprise. »

Chiffres d'affaires en hausse de 18% et 9%

Dans des circonstances d'une rare complexité et même si l'année électorale a freiné le marché économique, les chiffres en disent long. « Il y a un tassement en ce début d'année mais nous enregistrons une jolie progression sur 2016 », confirme Yann Trébaol.

Un coup de fil à la comptabilité et le chef d'entreprise annonce « un chiffre d'affaires en augmentation de 17,62 % pour l'Atelier du cuisinier et une hausse de 8,44 % du chiffre d'affaires pour la Paimpolaise conserverie (Breizh cooking). Sachant qu'en raison de l'incendie, nous avons une période d'inactivité complète, ce n'est pas une comparaison d'une année complète à l'autre ».

« J'ai connu un coup de moins bien »

La Paimpolaise conserverie (10 à 13 salariés selon les saisons) retrouve de l'élan, mais n'allez pas croire un instant que ce spectaculaire redressement s'effectue aussi facilement qu'on étale le contenu d'une verrine sur une tranche de pain de mie. L'incendie s'est accompagné d'effets collatéraux qu'aucune assurance ne pourra jamais prendre en compte.

À relever le défi et à garder le cap dans la tempête, le commandant de bord finit lui-même par se faire éclabousser. « Ça va mieux désormais mais j'ai connu un coup de moins bien. J'ai décroché. Je ne m'en cache pas et j'en sors. On ne voit pas les choses arriver. On encaisse, on encaisse... Il y a des quantités de problèmes à régler. Pendant plus de six mois, on ne pense qu'à une chose, à reconstruire. On occulte tout le reste. »

Entre ce qu'il décrit comme « une forme d'inconscience ou d'insouciance », la détermination à tout relancer lui a puisé une énergie folle. « Avec le recul, le nombre de problèmes à régler finit par étouffer l'énergie », analyse le chef d'entreprise.

« On va avancer autrement »

Yann Trébaol a tiré des leçons de ces mois d'extrêmes difficultés. Toutes les saveurs remontent à la bouche de l'ancien chef cuisinier devenu chef d'entreprise, mais aussi ce goût de cendre et de fumée. « Je suis un entrepreneur. Pas un businessman, revendique-t-il. J'ai besoin de sens et là j'y vois un signe. C'est un cheminement. Il y a eu l'époque où j'ai créé mon atelier avec Breizh cooking à Plourivo. Il y a eu l'évolution à Tréguier puis ce retour à Paimpol avec la conserverie. Je crois avoir l'expérience et être de bons conseils mais je ne peux pas trouver la force de tout faire comme au démarrage. On a avancé et on va avancer autrement. Pour la pérennité de l'entreprise, je souhaite être accompagné. Je vais déléguer dans le secteur commercial et en créant un poste de recherche en développement - qualité. »